Grippe : l'épidémie à l'origine de plus de 18 000 décès cette année

L’épidémie de grippe a fait 18300 morts cette année, concernant à 90% des personnes de plus de 65ans. Selon l’Institut de Veille Sanitaire, il s’agit d’un record depuis la mise en place du système de surveillance de la mortalité lié à la grippe en 2006-2007. A l’origine de cet excès de mortalité, une épidémie plus longue, une couverture vaccinale insuffisante et un vaccin moins efficace.

L’épidémie de grippe a été responsable cette année de 18 300 décès, dont 90 % parmi les personnes de plus de 65 ans. 

Une épidémie de grippe particulièrement meurtrièreCette saison, l’épidémie de

grippe s’est étendue sur 9 semaines et a été forte avec près de 2,9 millions de consultations pour syndromes grippaux en médecine générale (le nombre de personnes touchées serait à doubler, en tenant compte des patients qui n’ont pas consulté). Comparé aux données historiques de Sentinelles et rapporté à la population, le nombre de consultations pour syndromes grippaux, au moment du pic ou sur l’ensemble de la période épidémique, est au 14ème rang des valeurs les plus élevées observées ces 30 dernières saisons, confirmant une épidémie d’une ampleur forte.Au total, la grippe a été à l’origine de près de 30 000 passages aux urgences, de 3 133 hospitalisations parmi ces passages dont 47 % chez les 65 ans et plus ; de 1 558 cas graves de grippe admis en réanimation. Au total, l’InVS estime l’excès de mortalité dû à la grippe à 18 300 décès, affectant l’ensemble des régions métropolitaines et concernant à 90% les sujets âgés de plus de 65 ans.Il s’agit de l’excès de mortalité le plus élevé depuis l’hiver 2006-2007. Un excès de mortalité (90 000 décès) a également été observé dans 13 des 15 pays participant au projet européen de surveillance de la mortalité. Il coïncide avec la circulation du virus grippal A(H3N2) mais également avec la survenue d’autres facteurs hivernaux.Un vaccin moins efficace cette annéeSelon les prélèvements effectués sur 2709 patients et les 1513 virus grippaux identifiés, 75 % étaient des virus grippaux de type A (19% de virus A(H1N1)pdm09, 55 % de virus A(H3N2), 1 % de virus A non sous-typés) et 25 % étaient des virus grippaux de type B. Le vaccin couvrait tous les virus grippaux A(H1N1)pm09 ainsi que la majorité des virus grippaux de type B. Mais parmi les virus A(H3N2), près de la moitié s’en distinguait avoue l’institut national de veille sanitaire.Plus clairement, en février lors de la mise au point du vaccin qui doit être commercialisé dans les pays de l’hémisphère Nord en automne, la mutation à l’origine de la variante de H3N2 n’a pas été envisagée lors du choix des souches virales entrant dans la composition du vaccin. Le choix des souches est basé sur les souches en circulation dans les pays de l’hémisphère sud 6 mois auparavant. Le vaccin a donc moins bien fonctionné cette année.Selon les

analyses des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), être vacciné contre la grippe réduisait cette année de seulement 23 % le risque de consulter un médecin pour des symptômes grippaux. Profitant de cette faille, la variante de ce virus H3N2 a donc pu prospérer. Le vaccin a donc moins bien fonctionné cette année, même s’il est resté utile : la majorité des virus grippaux circulant étaient couverts par le vaccin.Une couverture vaccinale en baisse chez les seniorsL’une des autres causes avancées pour expliquer cet excès de mortalité est la baisse de la couverture vaccinale. Cette baisse affecte surtout les personnes de 65 ans et plus (48% versus 52% en 2013- 2014) alors qu’elle se maintient à 38% pour les populations à risque de moins de 65 ans. Dans les collectivités de personnes âgées, la couverture vaccinale des résidents était de 83%, valeur comparable à celles observées depuis 2010-11. L’inVS souligne également que la couverture vaccinale du personnel des collectivités de personnes âgées reste faible (23 %), stable par rapport aux années précédentes. Une couverture vaccinale en baisse chez les seniors et un des virus non pris en compte par la protection vaccinale expliqueraient en grande partie ce triste bilan. L’InVS rappelle que face à la grippe, “la prévention repose sur la vaccination, et les mesures barrière (réduction des contacts avec des malades et renforcement de l’hygiène) doivent venir la compléter“.David BêmeSource : Grippe – Bilan de la saison 2014-2015 – InVS