Règles douloureuses et abondantes, crampes pelviennes voire abdominales ou lombaires, fatigue… l’endométriose est l’une des maladies gynécologiques les plus mystérieuses, mais également les plus mal diagnostiquées. Origine, symptômes… nous faisons le point.
Près d’une femme sur dix concernée, dix ans entre lespremières douleurs et le diagnostic, une cause encoremystérieuse… L’endométriose est une maladiegynécologique exceptionnelle à plus d’un titre.Une muqueuse baladeuseChez les femmes atteintes d’endométriose, le tissurecouvrant la cavité utérine (l’endomètre) sedéveloppe dans d’autres parties de la cavitéabdominale. Il peut ainsi s’attacher sur le col utérin, lestrompes, les ligaments, les ovaires, le péritoine, le vagin,la vulve… Parfois même, cette muqueuse se retrouve sur desorganes non génitaux : vessie, cæcum, appendice,côlon, sigmoïde, intestins…Ces bouts de muqueuse suivent le rythme hormonal comme s’ils setrouvaient dans l’utérus. Ainsi à la fin du cycle,les lésions d’endométrioses se congestionnent etsaignent durant les règles. Mais à l’inverse desmenstruations évacuées du corps, le sang du tissu“égaré“ n’a pas d’issue. Les tissus proche deslésions sont ainsi enflés et douloureux,irrités par les saignements.Une maladie mystérieuse et fréquenteCe trouble apparaît aujourd’hui comme une des maladiesgynécologiques les plus méconnues et malgré denombreuses hypothèses, ses causes restent àdéterminer. Portant sur près de 4 000 femmes, uneétude américaine (1) a permis d’établir queles membres d’une famille d’une femme atteinted’endométriose sont plus souvent victimes de la mêmemaladie. Mais la cause exacte reste mystérieuse, on disposetout au plus d’hypothèses :
– La métaplasie :phénomène durant lequel un tissu se transformerait enun autre tissu. Dans le cas de l’endométriose, le tissupéritonéal se transformerait en tissu del’endomètre à cause de facteurs qui reste àdéterminer (hormones, etc.) ;
– La transplantation de cellulesendométriales dans des régions dont ellesdevraient être absentes. Ce transport pourrait se faire viales voies lymphatiques, vasculaires, tubaires ou suite à unacte chirurgical gynécologique (curetage, césarienne,épisiotomie).Quelle est la fréquence de l’endométriose ?Spécialiste du départementgynécologie-obstétrique de Clermont-Ferrand, le DrCanis déclare : “La littérature scientifique regorgeainsi d’études aux résultats très divers. Onpeut vraisemblablement dire qu’environ 5 % des femmes en âged’avoir un enfant pourraient être atteintesd’endométriose. Selon les recherches, cette proportionpourrait atteindre 20 à 40 % chez les femmesstériles, 40 à 50 % chez les femmes souffrant dedouleurs pelviennes… Mais plus souvent, la fourchette varie entre5 à 60 %. On peut par ailleurs soupçonner unsous-diagnostic de cette maladie“.Soupçon confirmé par Delphine Ludzay,présidente d’Endofrance, l’association française delutte contre l’endométriose qui déclare que “Cetteméconnaissance de la maladie est très certainementà l’origine d’une sous-évaluation du nombre decas“.Des symptômes très variésCette maladie peut être à l’origined’infertilité ou de douleurs pelviennes. Bien que quelquesmalades ne ressentent aucun symptôme, la plupart se plaignentde :
– Règles douloureuses et abondantes, surtout vers le 3e ou4e jour du cycle. Les cycles peuvent également êtreperturbés ;
– Symptôme le plus souvent rencontré, la douleur peutvarier dans sa date, sa durée et son apparition par rapportaux règles et même sa localisation : pelvis, abdomen,lombaires, etc. ;
– Des douleurs pendant les rapports sexuels ;
– L’apparition de kystes ;
– Une infertilité rencontrée chez 30 à 40 %des malades. L’endométriose serait ainsi l’une des causesles plus fréquentes de stérilité ;
Click Here: cheap nrl jerseys– D’intenses crises de fatigue, de douleurs en urinant pendant lesrègles, de ballonnements douloureux pendant lesrègles, ainsi que de troubles gastro-intestinaux comme desdiarrhées, constipation, nausées…Delphine Ludzay témoigne de cette douleur physique et moraleauxquelles sont confrontées les malades. Son associationsoutient les malades et leur entourage et tente d’informer le grandpublic et les professionnels sur cette maladie trop souventignorée. Ainsi, une étude portugaise arécemment confirmé le très grand nombre demalades victimes de symptômes dépressifs et lanécessité d’un soutien psychologique (2).A ce sujet, le Dr Canis souligne “Attention à ne pasattribuer trop précocement l’étiquette“endométriose“ à des patientesdéboussolées par l’annonce d’une maladie dontcertains praticiens dresse un tableau trop dramatique. J’aimeraisinsister sur ce point, il ne faut affoler les patientes par notreignorance. Encore aujourd’hui, des femmes entendent que cettemaladie va les rendre stériles, qu’elles vont souffrircontinuellement et que les récidives sont automatiques…Cette description est fausse et nuit concrètement àla qualité de vie des patientes. Nous disposons aujourd’huide traitements (hormonaux et chirurgicaux) qui permettent deprendre en charge efficacement la majorité desendométrioses“.Dix ans avant d’être diagnostiquées !Dans le cadre de la vaste étude organisée parl’association américaine contre l’endométriose (1),99 % souffraient de douleurs pelviennes depuis environ 10 ans avantd’être diagnostiquées.“Cette situation n’est pas propre aux Etats-Unis. Le délaitrès important entre les premières douleurs et lediagnostic est une réalité rapportée parl’ensemble de nos adhérentes. La plupart des femmesrapportent que leurs douleurs sont apparues rapidement aprèsleurs premières règles, mais qu’il y a fallu attendreentre six et dix ans avant d’en connaître l’origine“précise Delphine Ludzay.Les chercheurs ne savent toujours pas aujourd’hui sil’endométriose se produit lors des premièresrègles ou se développe sur le long terme. De lamême manière, ils ignorent aujourd’hui si letraitement précoce des douleurs peut prévenirl’apparition de douleurs pelviennes chroniques chez ces femmes.Autant de zones d’ombre qui doivent inciter les médecinsà suspecter une endométriose face à desdouleurs pelviennes – en particulier chez les adolescentes.David Bême
1 – Human Reproduction, October 2002, vol.17, n°10,pp.2715-2724
2 – Rev Assoc Med Bras 2002 Jul-Sep;48(3):217-221