Grippe aviaire : la France toujours pas prête ?

Face à la grippe aviaire, la France n’est pas prête. Telle est la conclusion étonnante de la mission parlementaire sur la grippe aviaire, qui rendait public le 26 janvier 2006 son premier rapport sur les moyens pharmaceutiques et les outils de prévention aujourd’hui disponibles en cas de pandémie et les améliorations à effectuer pour que la riposte sanitaire soit à la hauteur des enjeux.
Selon ce rapport, trois raisons au moins justifient de prendre très au sérieux le risque de pandémie : l’épizootie n’est toujours pas sous contrôle en Asie du Sud-Est ; des personnes ont été touchée par le virus aviaire ; une fois adapté à l’homme, le virus pourrait avoir acquis une capacité de diffusion rapide. Même si pour l’heure, le nombre de contamination humaine reste réduit, les auteurs estiment que le risque pandémique reste suspendu au-dessus de nos têtes telle une épée de Damoclès. “La prudence impose donc d’envisager toutes les hypothèses, allant de quelques cas de contamination humaine à la pandémie. Tel est l’objectif auquel répond le plan élaboré par le Gouvernement français en 2004, et qui constitue un cas d’application du principe de précaution“ soulignent ainsi les parlementaires. Mais les auteurs estiment alors qu’en termes d’armes anti-pandémie, la France n’est toujours pas prête.
En cas de pandémie, 25 à 40 % de la population nationale devrait être traitée. Un objectif impossible à atteindre avec le stock actuellement constitué de 14 millions de gélules de Tamiflu et 200 000 de Relenza. Mais selon le Directeur général de la santé, Didier Houssin, ce stock devrait atteindre 33 millions en 2007.
Prônant par ailleurs une diversification des antiviraux utilisables, les auteurs regrettent que la France n’ait pas constitué de stock de sécurité visant à traiter les complications de la grippe. Concernant les masques de protection, les prévisions d’acquisition de 250 millions de masques (contre 50 millions actuellement) sont jugées largement insuffisantes.
Pour ces deux armes anti-pandémie, le risque de pénurie de matières premières inquiète ces experts, qui demandent plus de garantie d’approvisionnement.
Deux autres rapports devraient être prochainement rendus publics par la même mission parlementaire : l’un sur l’épizootie et l’autre sur le plan gouvernemental de lutte contre la pandémie.RECOMMANDATIONS DE LA MISSION
Les médicaments et les vaccins
1. Garantir l’approvisionnement en matières premières nécessaires à la fabrication du Tamiflu.
2. Garantir l’approvisionnement en oeufs pour la fabrication d’un vaccin.
3. Envisager la constitution de stocks d’antibiotiques pour soigner les complications de la grippe.
4. Charger l’Agence nationale de la recherche (A.N.R.) de lancer des programmes de recherche-développement sur les maladies émergentes, pour la mise au point d’antiviraux, d’antibiotiques et de vaccins.
La protection personnelle
5. Garantir l’approvisionnement en matières premières nécessaires à la fabrication des masques de protection.
6. S’assurer que les besoins en matériels de protection, autres que les masques, (blouses, gants, lunettes) seront satisfaits, en cas de forte augmentation de la demande.
7. Encourager la recherche-développement sur les équipements personnels de protection, en particulier les masques permettant une respiration aisée.
La coopération internationale
8. Poursuivre et amplifier les actions de soutien au réseau des Instituts Pasteur en Asie du Sud-Est.
9. Engager l’Union européenne à prendre les mesures nécessaires pour disposer de stocks suffisants d’antiviraux, notamment la délivrance de licences obligatoires.
10. Prendre au niveau européen et international les dispositions nécessaires pour donner suite à la proposition d’“union sacrée des fabricants de vaccins“ lancée par le laboratoire GlaxoSmithKline, en vue d’une collaboration de tous les laboratoires du monde pour la fabrication d’un vaccin pandémique, en dépit des règles antitrust en vigueur.
11. Favoriser l’obtention par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’un véritable pouvoir d’ingérence sanitaire (enquêtes et contrôles).Source : Rapport de la mission parlementaire sur la grippe aviaire – le 26 janvier 2006Click Here: camiseta seleccion argentina