L'hôpital, plébiscité comme lieu d'accouchement par la majorité des femmes

Les femmes plébiscitent très majoritairement l’hôpital comme lieu d’accouchement, et sont pour la plupart rassurées par les précautions prises à travers l’ensemble du suivi et des examens médicaux. Elles ont néanmoins le sentiment que la médicalisation prédomine sur la prise en compte de leurs émotions. Tels sont les principaux résultats du sondage Ifop réalisé à l’occasion des 34èmes Journées nationales du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).

Avec le Collège national des sages-femmes (CNSF) et le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes, le CNGOF a souhaité connaître le vécu de la grossesse et les attentes des femmes en matière de prise en charge et de suivi avant, pendant et après l’accouchement. Ils ont pour cela mené deux enquêtes, l’une qualitative pour déterminer des grandes tendances, l’autre quantitative pour confirmer ou infirmer ces tendances à plus grande échelle.Les femmes sont rassurées sur leur capacité à enfanter… mais inquiètes quant à leur grossesseAu total, 708 femmes ont répondu aux questions des investigateurs. Pour la plupart, l’annonce de la grossesse rassure les femmes quant à leur capacité à avoir un enfant mais en soulève d’autres questions sur la transformation du corps, la douleur liée à l’accouchement, le fait que le bébé sera normal ou non, les difficultés que la grossesse puis l’enfant vont avoir sur l’organisation professionnelle…
Les auteurs de l’enquête ont distingué les femmes qui vivent la grossesse comme un phénomène naturel (47 %), qui sont de nature rationnelles et confiantes, de celles pour qui c’est un événement exceptionnel (50 %), naturellement plutôt anxieuses.
Ils ont, à partir de là, dégagé trois attitudes distinctes lors du vécu des 3 premiers mois de grossesse, en lien avec ces profils : – L’hyper-confiance, soit parce qu’elles s’en remettent à leur instinct maternel, soit qu’elles font entièrement confiance à la médecine ; – Le rejet des contraintes, notamment chez celles qui n’en sont pas à leur première grossesse et qui ont le sentiment d’avoir acquis une certaine expérience lors de leur précédente grossesse et/ou qui ont un sentiment de défiance à l’égard des injonctions multiples dont les femmes enceintes sont l’objet (ne pas boire, ne pas fumer, manger équilibré, bouger mais pas trop…) ; – L’autocensure, un sentiment qui semble prévaloir chez les femmes interrogées, liée à la crainte de mal faire. Le gynécologue-obstétricien apparaît comme l’interlocuteur privilégié des femmes lorsqu’elles sont enceintes. Elles n’hésitent pas à lui poser de nombreuses questions. Les femmes distinguent cependant assez nettement les différents interlocuteurs selon les questions qu’elles souhaitent aborder : elles demandent plus volontiers des conseils personnels aux sages-femmes et se tournent vers le gynécologue pour les questions d’ordre plus médical ou technique. La sexualité pendant la grossesse reste tabouDes tabous persistent cependant, comme les relations sexuelles pendant la grossesse (62 % des femmes n’abordent pas cette question), l’accouchement à domicile (80 % n’interrogent pas leur gynécologue ou leur sage-femme à ce sujet) et les réactions de la famille à l’arrivée du futur enfant (70 %). Plus étonnant, près d’un tiers (31 %) des femmes interrogées n’abordent pas la question de l’anesthésie péridurale, que ce soit avec leur gynécologue, leur sage-femme ou leur médecin traitant, et presqu’un tiers (30 %) ne discutent pas avec ces professionnels du suivi post-accouchement.
Le corps médical est globalement plébiscité puisque 95,3 % des femmes interrogées le trouvent rassurant et considèrent sa présence nécessaire et indispensable à toutes les étapes de la grossesse. Beaucoup de femmes aimeraient même que davantage d’examens soient réalisés au cours des dernières semaines de grossesse, évoquant un manque d’accompagnement à cette période critique où les peurs liés à l’accouchement ressurgissent.
Un résultat qui peut apparaître en contradiction avec le sentiment que le corps médical survalorise le processus médical au nom du principe de précaution et le fait passer devant la prise en compte des émotions de la future mère. Un sentiment que partagent 17 % des femmes interrogées. Seul ¼ des femmes ont entendu parler des maisons de naissance
Les femmes sont tout autant satisfaites du suivi médical, qu’elles estiment pour 81 % d’entre elles ni trop médicalisé, ni trop contraignant, idéal pour mener une grossesse le plus naturellement possible. D’ailleurs, elles plébiscitent à une écrasante majorité (81 %) les hôpitaux et cliniques comme lieu d’accouchement. L’accouchement à domicile n’est cité que par 2 % des femmes.
Quant aux maisons de naissance, un projet proposé dans le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2011 par Roselyne Bachelot et qui a suscité de vives réactions parmi les parlementaires et sénateurs appelés à se prononcer sur l’idée d’une expérimentation sur le territoire, seul un quart des femmes en ont entendu parler. La demande devrait donc être minime, au moins lors de l’ouverture de ces structures non-médicalisées adossées à des maternités. Mais cela ne suffira néanmoins pas à calmer la colère des gynécologues-obstétriciens, farouchement opposés à ces maisons de naissance. Amélie PelletierSource :Sondage Ifop pour le CNGOF, le CNSF et le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes. Résultats présentés lors des 34 èmes Journées nationales du CNGOF le 10 décembre 2010.Click Here: Cheap Golf Golf Clubs