Cancers : une campagne pour faire changer le regard des Français

L’Institut National du Cancer et le ministère de la Santé ont lancé une nouvelle campagne nationale de sensibilisation pour inciter les Français à changer leur regard sur les cancers. Baptisée “La recherche sur les cancers avance, changeons de regard“, elle vise essentiellement à instaurer une prise de conscience sur les progrès accomplis en matière de qualité de vie grâce aux avancées de la recherche.

Par l’intermédiaire de cette campagne, l’Institut National du Cancer (INCa) et le ministère de la Santé souhaitent que les amis, la famille et les proches des patients prennent conscience du

regard qu’ils portent sur les personnes atteintes d’un cancer, se caractérisant parfois par des réactions de gêne, de malaise ou encore d’évitement. “La nouvelle campagne s’inscrit dans l’axe 5 du

Plan Cancer 2 : Vivre pendant et après un cancer. Son objectif est d’encourager la révolution individuelle et collective“ à l’égard des personnes atteintes, a souligné la secrétaire d’État à la Santé, Nora Berra, lors du lancement de la campagne. Et d’insister sur les

progrès accomplis en matière de traitements et de

prise en charge, qui se sont accompagnés d’une forte progression des taux de guérison qui dépassent les 60 %. Pour Agnès Buzin, nouvelle directrice de l’INCa suite à la nomination de son prédécesseur Dominique Maraninchi à la tête de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), “il existe un décalage entre la perception persistante d’une maladie incurable et la réalité“. “Même s’il ne faut pas négliger que le cancer reste une épreuve, il ne faut pas non plus oublier que la moitié des patients en guérit et que beaucoup vivent longtemps après“, a-t-elle insisté. Pour le sociologue Patrick Perreti-Watel (Inserm) cette représentation du cancer tient à la nature même de la maladie, qui vient de l’intérieur. Aujourd’hui encore, les médias sont les premiers à faire l’usage de métaphores et de périphrases pour évoquer le cancer sans le nommer. Il est donc grand temps de changer ces représentations. Christophe Hude, atteint d’un

lymphome en 2008, confirme l’isolement dans lequel vous confine l’entourage une fois que le diagnostic de cancer est posé. “Au début les coups de fil s’estompent, puis plus rien. On reste à huis-clos, en famille; on n’a plus de contacts avec l’extérieur. En plus de la douleur de la maladie, des traitements, on prend en pleine face ce regard chargé de mort que l’on vous renvoie“, a-t-il témoigné. Et d’ajouter : “Ce qui fait peur, ou on l’évite, ou on l’affronte. Dans le cas du cancer, on l’évite souvent“.Une campagne d’affichage et deux films d’AudiardLe dispositif de communication imaginé par l’INCa est décliné en campagne d’affichage et en spot télévisé de 30 secondes. La campagne d’affichage est diffusée depuis le 17  mai jusqu’au 25 mai prochain au niveau national. Constituée de dix affiches, elle est axée sur le portrait de cinq personnes touchées par un cancer, de dos puis de face. De dos, chaque portrait est lié à un commentaire caractéristique des réactions de l’entourage familial, amical ou professionnel des malades, tandis que le prénom de la personne est remplacé par le mot “cancer“. De face, le personnage mis en scène finit par lancer le message “Je suis une personne, pas un cancer“.

Réalisés par Jacques Audiard, choisi pour sa sensibilité et sa finesse, les deux films de 30 secondes seront eux diffusés du 22 mai au 11 juin prochains. À travers ces fictions, les particuliers pourront découvrir le changement de comportement des proches des patients à compter de l’annonce de la maladie. L’objectif étant de démontrer que les progrès thérapeutiques permettent peu à peu d’améliorer le quotidien des patients, et qu’il est donc nécessaire que le regard de la société change aussi envers les personnes touchées par la maladie.

Les premiers résultats du baromètre cancer* de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) 2010 révèlent que le cancer constitue la maladie la plus grave pour 70 % des Français. Il arrive loin devant le sida (cité en premier par 18 % des sondés) et les maladies cardiaques (4 %). Et les deux-tiers des sondés considèrent que le cancer n’est pas une maladie comme les autres. En outre, la majorité des personnes interrogées (95 %) considère que personne n’est à l’abri d’un cancer, alors que près d’un tiers (32 %) estiment qu’il n’y a rien à faire pour éviter le cancer. À noter, environ 357 500 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés en France en 2010. La mortalité par cancer s’élève à 146 500 décès par an. Les trois cancers les plus fréquents chez l’homme demeurent le

cancer de la prostate (71 500 cas), le

cancer du poumon (27 000 cas) et le

cancer colorectal (21 000 cas). Chez la femme, il s’agit des

cancers du sein (52 500 cas), colorectal (19 000 cas) et du poumon (10 000 cas). Amélie PelletierSourcesConférence de presse de l’INCa et du ministère de la Santé, le 17 mai 2011. *Le baromètre cancer Inpes 2010 a été réalisé auprès d’un échantillon aléatoire de 3 728 personnes représentatives de la population française âgée de 15 à 85 ans. Les données ont été collectées par téléphone entre le 3 avril et le 7 août 2010. Elles sont en cours d’analyse et devraient être publiées intégralement fin 2011.Click Here: gws giants guernsey 2019