Des cancers plus fréquents mais moins graves

Des cancers plus nombreux mais moins souvent fatals, telle est la conclusion d’une étude de l’évolution de l’incidence et de la mortalité par cancer en France sur la période 1980 et 2012. Les hommes restent plus touchés que les femmes, mais l’évolution positive de leurs comportements augure d’une diminution des cancers de mauvais pronostic.

Davantage de nouveaux cancers diagnostiqués mais moins de décès chaque année.

L’incidence des cancers s’est accrue de plus de 100 % entre 1980 et 2012, atteignant 355 000 nouveaux cancers en 2012 (200 000 chez l’homme et 155 000 chez la femme). Une plus importante exposition aux facteurs de risque, des outils diagnostiques plus efficaces et utilisés de manière plus précoce, mais surtout des raisons démographiques – accroissement et vieillissement de la population – expliquent cette évolution, selon les auteurs de l’étude. Mais si l’on écarte les raisons démographiques, l’augmentation du nombre de nouveaux cas de cancers n’est “que“ de 27,9 % chez l’homme et tout de même de 42,9 % chez la femme, soit environ 1 % par an, ajoutent-ils.Baisse de l’incidence des cancers du sein et de la prostate depuis 2005Basée sur les données des registres des 925 242 cancers du réseau Francim et financée par l’Institut de veille sanitaire (InVS) et de l’Institut national du cancer (INCa), l’étude montre par ailleurs que cette tendance à la hausse s’inverse depuis 2005, particulièrement chez les hommes chez lesquels l’incidence diminue de 1,3 % par an, tandis qu’elle ne fait que marquer le pas chez les femmes (+0,2 % par an). Dans le détail, cette évolution s’explique notamment par une baisse du nombre annuel de nouveaux cas de cancers de la prostate et de cancers du sein, et une stabilité de l’incidence des cancers colorectaux et pulmonaires (chez les hommes), précisent les auteurs. Ces derniers suggèrent que la baisse de l’incidence des cancers de la prostate est liée à une plus grande prudence vis-à-vis du dépistage dont les risques de surdiagnostic sont mis en avant, suite à une forte hausse de leur dépistage liée à “l’intensification de leur détection […] par le dosage sérique du PSA“ (antigène spécifique de la prostate, mais non spécifique du cancer de la prostate).Hausse absolue mais baisse relative de la mortalité par cancerL’étude montre par ailleurs une hausse de la mortalité par cancer depuis 1980, là encore inégale selon le sexe et défavorable aux femmes : +11 % chez les hommes et +20,3 % chez les femmes. L’évolution démographique est à nouveau pointée du doigt par les auteurs pour expliquer cette tendance, qui s’inverse lorsque l’on s’en affranchit. L’analyse des données montre alors une baisse de la mortalité, plus importante chez les hommes que chez les femmes (-1,5% vs -1 %). Ceci s’explique par l’attitude des premiers, qui ont su réduire leurs comportements à risque (consommation d’alcool et tabagisme), tandis  que les secondes les ont, au contraire, adoptés de plus en plus.Il y aurait donc davantage de cas de cancers mais on en mourrait moins ? Pour les auteurs de l’étude, “la divergence entre l’évolution de l’incidence et celle de la mortalité par cancer“ s’explique par “l’effet combiné de la diminution de l’incidence des cancers de mauvais pronostic (cancers de l’œsophage, de l’estomac, des voies aéro-digestives supérieures par exemple) et l’augmentation de l’incidence des cancers de meilleur pronostic“. Une augmentation qu’ils lient à l’amélioration des pratiques de dépistage, réalisé plus précocement, malgré le

surdiagnostic que cela entraîne.Le cancer du poumon passe en 2ème position chez la femmeChez l’homme, le cancer le plus fréquemment dépisté reste de loin le

cancer de la prostate, avec 56 800 nouveaux cas par an, devant le

cancer du poumon (28 200) et le

cancer colorectal (23 200). C’est également un cancer lié au sexe qui domine chez les femmes : avec 48 800 nouveaux cas par an, le

cancer du sein devance largement l’incidence du cancer colorectal (18 900) et du cancer du poumon (11 300). C’est également la première cause de décès par cancer chez la femme (11 886 décès), suivi au deuxième rang par le cancer du poumon (8 700) qui devance désormais le cancer colorectal (8 400). L’augmentation conjointe de l’incidence du cancer du poumon et de sa mortalité chez la femme est d’ailleurs une source de préoccupation majeure, estiment les auteurs de l’étude qui appellent à un maintien voire un renforcement des efforts de prévention.Amélie Pelletier
Source
Évolution de l’incidence et de la mortalité par cancer en France entre 1980 et 2012“ – Institut de veille sanitaire (InVS) et de l’Institut national du cancer (INCa).

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