Arrêt du tabac : la cigarette électronique reste exclue des méthodes d'aide au sevrage

La Haute Autorité de Santé (HAS) vient d’actualiser ses recommandations à l’égard des médecins généralistes pour l’aide à l’arrêt du tabac de leurs patients. La cigarette électronique (ou e-cigarette) ne figure toujours pas dans l’arsenal thérapeutique d’aide au sevrage, faute de données suffisantes sur son efficacité et son innocuité sur le long terme.

La e-cigarette reste exclue des méthodes d'aide au sevrage tabagique dans les nouvelles recommandations de la Haute Autorité de Santé.

Le tabagisme est un fléau inégalé de santé publique. Un fumeur régulier sur deux va en mourir. Les fumeurs vont perdre 20 à 25 années d’espérance de vie par rapport aux non-fumeurs“, annonce d’entrée de jeu le Dr Cédric Grouchka, membre de la HAS. La lutte contre le tabagisme reste donc encore et toujours d’actualité, d’autant plus qu’il progresse chez les

jeunes et chez les

femmes. Acteurs majeurs de cette lutte, les médecins généralistes se sentent démunis et ont exprimé leurs besoins d’outils concrets pour les aider à accompagner leurs patients dans leur démarche d’

arrêt du tabac. C’est donc pour les y aider que la HAS vient de réactualiser ses recommandations de bonne pratique qui dataient de 2003.A travers ce document de 61 pages, la HAS cherche “à inciter les médecins généralistes à adopter une démarche systématiquement proactive à l’égard des fumeurs qu’ils voient en consultation, quel que soit l’objet de celle-ci“, souligne le Dr Grouchka. Ce dernier reconnait que cela “demande un effort aux médecins généralistes“, mais cet effort “est indispensable“, “les médecins généralistes ne doivent plus rester passifs“.Le dépistage du tabagisme et le conseil d’arrêt doivent être systématiques
Pour le Pr Albert Ouazana, médecin généraliste qui a présidé les travaux de la HAS, “le dépistage du tabagisme, tout comme le conseil d’arrêt, doivent être systématiques“. A chaque consultation, les médecins doivent donc interroger leurs patients sur leur statut tabagique et sur leur intention d’arrêter. Trois situations vont se présenter à eux :
– le patient qui n’a pas envisagé d’arrêter : stade de pré-intention ;
– le patient qui a envie d’arrêter : stade de la décision ;
– le patient qui a déjà arrêté et qui ne doit pas rechuter.
Click Here: Cheap Chiefs Rugby Jersey 2019Le discours du médecin devra s’adapter à la situation mais aussi à la psychologie du fumeur. “Il faut explorer ce qui le motive et ce qui l’empêche d’arrêter“. Car c’est bien là toute la difficulté : décider d’arrêter de fumer n’est pas une question de volonté mais de motivation. “La première difficulté pour un fumeur est de décider d’arrêter de fumer“, témoigne Nathalie Clastres, 30 ans de tabagisme, qui a arrêté en 2012. Car comme le souligne le Pr Ouazana, “la drogue est un produit qui modifie le raisonnement dans le champ de sa drogue. Tout le monde sait que le tabac est dangereux, qu’il tue, c’est écrit sur tous les paquets. Pour autant, les gens en consomment“ Le travail du médecin sera donc de faire prendre conscience au fumeur qu’il est sous la dépendance d’une drogue et qu’il a perdu sa liberté de penser. Et pour y parvenir, “le fumeur doit se sentir compris et bénéficier d’un accompagnement sur le long cours“.Seuls 3 % des fumeurs arrêtent seulsLes chiffres parlent d’eux-mêmes : seuls 3 % des fumeurs parviennent à en finir avec la cigarette sans aucun accompagnement. Pour les autres, il faudra donc exploiter l’ensemble des dispositifs médicaux et/ou psychologiques pour les aider à construire et développer leur motivation. Mais attention, “il n’existe pas de médicament miracle“, prévient le Pr Ouazana. Face à cette drogue redoutable qu’est le tabac, au moins aussi addictive que la

cocaïne ou l’

héroïne, les

substituts nicotiniques “permettent d’aider, c’est tout“. Mais aussi modeste soit leur efficacité (elle varie de 20 à 30 %), elle est tout de même 10 fois supérieure à celle d’un arrêt sans produits, souligne le Dr Ghrouchka.Les traitements à base de nicotine, quelle que soit leur forme (

patchs transdermiques,

gommes à mâcher,

comprimés, etc.) restent donc recommandés en première intention. Les autres traitements (

bupropion,

varénicline) ont également leur place, mais les résultats contradictoires des études scientifiques limitent leur recours en seconde intention, après échec des autres produits.La cigarette électronique, pas recommandée comme aide au sevrage tabagiqueQuid de la

cigarette électronique (ou e-cigarette) ? A-t-elle sa place dans l’arsenal thérapeutique d’aide au sevrage tabagique ? Pour le moment non, selon la HAS. “Aujourd’hui, il ne serait pas sérieux de considérer la e-cigarette dans l’arsenal d’aide à l’arrêt du tabac“, estime le Dr Grouchka. Mais ce dernier n’exclut pas une évolution des recommandations, dès lors que des études suffisamment nombreuses et fiables démontreront son efficacité et son innocuité sur le long terme. Pas question pour autant d’empêcher les fumeurs de “vapoter“. “Les recommandations de la HAS sont de ne pas dissuader les fumeurs qui “vapotent“, pourvu que cela reste temporaire et que cela s’inscrive dans une intention d’arrêter ou de réduire sa consommation tabagique“, nuance le Dr Grouchka. Aux médecins d’encourager leurs patients à se tourner vers d’autres modalités d’arrêt.Un argument qui pourrait les y aider : la prise en charge financière. En effet, seuls les dispositifs d’aide au sevrage tabagique reconnus comme tels en bénéficient. Et on sait que “plus la prise en charge financière des modalités d’arrêt du tabac est importante, plus l’efficacité de ces modalités est grande“, affirme le Dr Grouchka. Aux responsables politiques de prendre la mesure de ce conseil, et de montrer par là-même leur volonté de lutter contre ce fléau qu’est le tabagisme.Amélie Pelletier
Sources :
1. Conférence de presse organisée par la HAS, mardi 21 janvier 2014
2. “Arrêt de la consommation de tabac : du dépistage individuel au maintien de l’abstinence en premier recours – Méthode Recommandations pour la pratique clinique“ HAS, Octobre 2013 (

document téléchargeable sur le site de la HAS).