Le déconfinement, source d'angoisses et de zizanie

Porter un masque ou pas ? Sortir ou rester chez soi ? A l’heure du

déconfinement, de nombreux aspects du quotidien sont sujets à polémique, même entre proches. Explications avec l’anthropologue Fanny Parise, à l’origine d’une étude sur le confinement menée en France et en Suisse.

TempoRevoir ses proches ou attendre ? C’est une question liée à “la dimension psychologique des individus, selon qu’ils sont introvertis, extravertis, qu’il ont réussi à trouver un équilibre dans le confinement ou ont eu du mal à gérer la limitation des interactions sociales.C’est aussi lié au style de vie, avec des personnes qui avaient peu de sorties hors domicile: ils ont moins besoin de se précipiter dans une néo-normalité, contrairement aux jeunes urbains qui sont d’ordinaire peu chez eux. On a aussi rencontré pas mal de personnes qui ont vécu cette période comme une +parenthèse enchantée+: prendre de la distance par rapport à leur vie quotidienne a été vu comme positif. Ils n’ont pas envie de rebasculer tout de suite dans la vie d’avant.”Tensions”Pendant le confinement, il y avait un cadre contraint mais relativement clair. Là, c’est le flou artistique: on a le droit de revivre un peu comme avant, mais le risque pandémique est toujours présent et le respect des gestes barrières est interprété de manière différente par chacun, ce qui provoque tension, stress, parfois même de l’animosité.Il y a ceux pour qui le déconfinement, c’est la continuité du confinement et les autres, pour qui le 11 mai a signé la mise à distance avec le virus. Ils vont donc avoir beaucoup plus de libertés par rapport au port du masque et aux gestes barrières…”Gestion des risques”Un individu va arbitrer de manière plus ou moins inconsciente entre plusieurs thématiques et au final, va avoir sa gestion du risque. Les critères pris en compte sont notamment liés à la saleté, à la pollution, au lieu, à la pratique…. Ce sont des choses assez irrationnelles, liées à l’interprétation de chacun. On a surtout la règle de la +proxémie+: est-ce que le lieu ou l’activité est avec des inconnus, des collègues, des amis, des connaissances, ou dans un cadre plus intime ? On voit qu’un inconnu est considéré comme très dangereux alors qu’un proche, qu’on a très envie de voir, est considéré en meilleure santé”.”Bonjour”, “au revoir””La première problématique est les rituels de salutation. Même dans un cadre relativement intime, la bise et la poignée de main ont du mal à revenir, et on va préférer se faire un check du coude, ou du pied. Dans la sphère amicale ou professionnelle, on n’a plus du tout aucun contact physique car cela n’est pas jugé essentiel. Là où ça va poser problème, c’est quand on est assez proche des gens, en particulier quand il s’agit de dire au revoir. Car inconsciemment, on se dit que s’il y a une deuxième vague, on ne va pas les revoir de sitôt. Les personnes interrogées (au cours de l’étude, ndlr) disent qu’il y a un moment de malaise car on ne sait pas comment dire au revoir, s’il faut trouver un autre geste ou pas. On a plein de choses à réapprendre dans la vie de tous les jours, comment interagir avec les autres sans les vexer et tout en restant polis. C’est source de nombreuses angoisses”.Dans la durée”Si le virus part dans quelques semaines ou quelques mois, on a tout a parier que les rites de socialisation vont revenir car ils sont ancrés dans notre culture et notre manière d’interagir. Par contre, dans la sphère professionnelle, cela posait déjà questions, notamment les tours de bise pour les femmes. Dans la sphère amicale, et familiale, je pense que ça va revenir. Par contre, dans les cas intermédiaires, soit des gens pas super proches ou des inconnus, on peut émettre l’hypothèse d’un net recul de ces interactions physiques”.Click Here: Cheap France Rugby Jersey